Du 31 octobre au 19 décembre 2020
Charlene Hahne, Franziska Holstein, Franz Jyrch,
Etienne Lafrance, James Low, Christine Nobel,
Maria Schumacher, Matt Schust, Julia Lia Walter
Echo
Text de Trevor Kiernander
Écho rassemble les oeuvres de neuf artistes originaires du Canada, d’Allemagne et du Royaume-Uni, qui se sont tous consacrés à la pratique de la peinture abstraite. Chacun de ces artistes exceptionnels traite de l’abstraction à travers son propre système et son langage personnel, en faisant référence et en établissant des liens avec son environnement, où les images et les idées sont bousculées par leur processus, réfléchies et réinterprétées, jusqu’à atteindre un point d’achèvement qui redevient une partie du système entier. Les oeuvres de chaque artiste font référence à la trace, à la mémoire, à la réflexion et au résidu - elles font écho.
L’un des aspects les plus intéressants du travail inclus dans Écho est la taille des tableaux. L’abstraction a une longue histoire de peintures monumentales, mais le travail ici est principalement à une échelle plus compacte. C’est peut-être une indication de la disponibilité de l’espace dans les zones urbaines constamment réaménagées, et en raison des conditions de travail, mais ces oeuvres de petite taille ont une intimité particulière, qui n’est pas souvent communiquée par des peintures d’abstraction massives et imposantes.
Les deux grandes oeuvres suspendues de Charlene Hahne sont ici l’exception en termes d’échelle, mais même ainsi, les pièces délicatement teintées, marquées et cousues ont une sensibilité contrôlée. Dans ces oeuvres semblables à des tapisseries, le silence vous invite à regarder et à écouter de plus près.
Dans sa série de dix-neuf oeuvres, Franziska Holstein met à jour et réutilise ses propres formes issues de projets précédents, les reconfigurant en bleu et blanc, comme des instantanés d’un vaste corpus historique, chacun étant codé avec un message unique à l’intérieur. Dans les neuf tableaux de Matt Schust, des traces résiduelles de formalisme, de peinture sur fond coloré et de minimalisme sont capturées dans cette série muette, chacune offrant un aperçu fort d’un précédent historique de longue date. Les vastes tableaux quadrillés de Christine Nobel émettent un bruit blanc visuel par l’utilisation de nombreuses couleurs du spectre, développant un point de départ dans un espace infini guidé à la fois par la lumière et le rythme. Nothing is Going My Way, les titres donnés à la série de Maria Schumacher d’« abstractions en action » en un seul coup, racontent la quête constante de l’artiste, une tâche sisyphéenne d’effacement, de peinture et de répétition. Les tableaux de James Low vibrent optiquement, grâce à sa méthode de peinture aux styles et aux applications variées, parfois sur les deux faces d’une toile translucide, poussant le langage de l’abstraction encore plus loin par la juxtaposition d’images reconnaissables qui planent dans l’immensité du champ de couleurs qu’elles habitent. Les illusions spatiales créées par les peintures numériques de Julia Lia Walter s’entremêlent, comme si vous conduisiez dans un épais brouillard ou regardiez la poussière se déposer autour de vous, tandis que les « pop-ups » d’Étienne Lafrance, des collages perchés sur les plinthes blanches traditionnelles des galeries, ressemblent à des gestes peints figés dans le temps, comme la photo Milk Drop Coronet d’Harold Edgerton. Dans Stick de Franz Jyrch, la « peinture » a été déconstruite, où des brancards tiennent des gants en caoutchouc multicolores d’une manière à la fois héroïque et menaçante.
Les meilleures abstractions actuelles, dont ces oeuvres sont des exemples, détiennent autant de pouvoir et d’informations que leurs prédécesseurs historiques, mais ne parlent pas tant de déclarations grandioses que d’affirmations plus subtiles : moins, c’est plus. Un tel sentiment semble plus important que jamais dans notre monde hyper-dimensionné et hyper-accéléré, et nous devons l’écouter attentivement, pour voir comment il résonne à travers le temps, comme un écho se détache de son événement déclencheur.
Text by Trevor Kiernander
Echo brings together the works of nine artists hailing from Canada, Germany, and the UK, all of whom have devoted themselves to the practice of abstract painting. Each of these exceptional artists deals with abstraction through their own systems and personal language, making reference and connections to their environment, where images and ideas are bounced around through their process, reflected and reinterpreted, until reaching a point of completion that becomes part of the entire system once again. The works of each artist reference trace, memory, reflection, and residue - they echo.
One of the most interesting aspects of the work included in Echo is the size of the paintings. Abstraction has a long history of monumental paintings, but the work here is predominantly of a more compact scale. Perhaps this is an indication of the availability of space in constantly redeveloped urban areas, and due to the working conditions, but these smaller works have a particular intimacy to them, not often communicable by massive, imposing abstract paintings.
Charlene Hahne’s two large suspended works are the exception here in scale, but even so, the delicately stained, marked, and sewn pieces have a controlled sensitivity. In these tapestry-like works, the quietness beckons you to look and listen closer.
In her series of nineteen works, Franziska Holstein updates and reuses her own forms from previous projects, reconfiguring them in simple blue and white, like snapshots of an extensive historical body of work, each coded with a unique message within. In the nine paintings of Matt Schust, residual traces of formalism, colour-field painting, and minimalism are captured in this muted series, each offering a strong insight into a long-standing historical precedent. The expansive gridded paintings of Christine Nobel emanate visual white noise through the use of many colours of the spectrum, developing a starting point into an infinite space guided by both light and rhythm. Nothing is Going My Way, the titles given to Maria Schumacher’s series of one-shot process ‘action abstractions’, tell a tale of the artist’s constant quest, a Sisyphean task of erasure, repainting, and repeating. James Low’s paintings optically vibrate, through his method of painting with various styles and applications sometimes on both sides of a translucent canvas, pushing the language of abstraction that much further through the juxtaposition of recognizable images that hover in the vastness of the colour field which they inhabit. The spatial illusions created by Julia Lia Walter’s digital paintings, come in and out of focus, like driving through a thick fog, or watching the dust settle around you, while Étienne Lafrance’s ‘pop-ups’, collaged works perched atop traditional white gallery plinths, feel like painted gestures frozen in time, like Harold Edgerton’s photo Milk Drop Coronet. In Franz Jyrch’s Stick, ‘painting’ has been deconstructed, where stretcher bars hold multi-coloured rubber gloves in a manner that is both heroic and threatening.
The best abstraction today, of which these works are examples, hold as much power and information as their historical predecessors, but speak not so much about grandiose statements, but more subtle affirmations: less is more. Such a sentiment seems more important than ever with our super-sized and super-sped-up world, and something we need to listen closely to, how it rings out over the distance of time, just as an echo trails off from its initiating event.